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Notre collègue Valentina Albarani du NCPW, qui fait partie du groupe thématique EEN « Women Entrepreneurship », assistait le mardi 24 septembre dernier à l’événement « Bridging the Gender Gap in Investments » :  une initiative du Parlement européen mise en œuvre par la Commission européenne. Ce projet pilote vise à remédier aux disparités significatives en matière d’investissement qui existent entre les genres. 

Projet pilote pour remédier aux disparités de genre

Le « Gender gap in Investments » est un projet pilote du Parlement européen visant à remédier aux importantes disparités d’investissement qui existent entre les entreprises dirigées par des femmes et les entreprises dirigées par des hommes ainsi que les fonds dirigés par les femmes par rapport aux fonds dirigés par des hommes.

L’objectif principal de cette initiative est de développer une méthodologie pour rassembler des données de qualité sur le sujet. Cette étude servira de base à une évaluation précise de l’écart d’investissement entre les sexes, permettant aux décideurs politiques d’identifier et de comprendre les enjeux sous-jacents à ce problème.

Le but de l’événement d’ouverture du 24 septembre à Bruxelles était de créer un espace pour discuter de la situation dans les états membres et le Benelux.

Où sont les hommes ?

Malheureusement, le public qui avait fait le déplacement était essentiellement un public féminin – ce qui a fortement limité les discussions. Comment opérer le changement si les entrepreneurs et les investisseurs masculins qui sont majoritaires ne sont pas, eux-mêmes, présents autour de la table pour en discuter ?

Quelques chiffres

En 2021, l’écart de rémunération entre hommes et femmes dans l’UE s’élevait à 12,7 %. Cela signifie que les femmes gagnent en moyenne 13,0 % de moins par heure que les hommes (salaire brut). Dans tous les États membres de l’UE, le taux d’emploi est toujours plus élevé pour les hommes que pour les femmes et, de manière générale, plus le taux d’emploi des femmes est faible dans un pays, plus l’écart entre les sexes est important. En 2022, le taux d’emploi des hommes s’élevait à 80 % dans l’UE27, tandis qu’il était de 69,3 % pour les femmes.

Et ce n’est pas tout…. Les chiffres nous révèlent que seulement une femme fondatrice et CEO d’une entreprise sur dix reçoit du capital-risque en Europe. Du côté des investisseurs, la situation n’est que légèrement meilleure : seul un investisseur sur sept en Europe est une femme. Ce qui est peut-être encore plus frappant, c’est que neuf femmes investisseuses de haut niveau sur dix travaillent dans des équipes à majorité masculine, où la pression à se conformer à l’environnement masculin, et à donc effacer les atouts positifs de la diversité, peut être forte.

Même si l’on constate que les équipes de femmes créatrices d’entreprises et les équipes mixtes sont plus performantes que leurs homologues masculins (ref 1, 2, 3, 4).

Le « gap » (déséquilibre) entre les sexes n’est pas seulement le reflet de la domination historique masculine dans l’industrie européenne de la haute technologie. En fait, les données d’Eurostat suggèrent que l’écosystème du capital-risque est bien moins inclusif que les secteurs qui le composent (startups et small businesses).

Les équipes de start-up entièrement masculines, qui représentent 78 % du total des fondateurs et CEO, ont reçu 82 % du total des investissements. En revanche, les équipes de start-up entièrement féminines ont recueilli moins de 1,8 % du total des investissements.

Les femmes entrepreneures éprouvent souvent des difficultés pour se créer un réseau « business » ou accéder à des programmes de tutorat ou ont moins de possibilités d’acquérir une formation managériale et entrepreneuriale adéquate ou n’ont pas accès à l’épargne dont elles ont besoin pour démarrer leurs entreprises. Cette dernière circonstance, pénalise particulièrement les femmes entrepreneures lors de la recherche d’investissements car les investisseurs aperçoivent négativement l’absence de capital apporté par les entrepreneurs à l’édification de leur entreprise ! Il faut construire une culture entrepreneuriale qui prépare les femmes à « voir grand » !

La Commission et les institutions européennes devraient veiller à définir des objectifs concrets en matière d’octroi de financements aux femmes et des indicateurs clés de performance (KPI) pour mesurer les avancées, adopter une législation et des programmes en faveur de l’entrepreneuriat féminin et favoriser l’accès des femmes au financement (par exemple, via des subventions spécifiques pour les femmes, ou d’autres types de financements dédiés aux femmes).

Le chemin à parcourir est long et tortueux ? Les femmes ont déjà mené de nombreuses batailles pour s’affirmer. Une autre bataille pourrait-elle nous faire baisser les bras ?

  1. Eurostat et Commission européenne. «The State of European Tech 2020» (Rapport 2020 sur l’état des technologies européennes); Atomico (2020).
  2. « Why are women entrepreneurs missing out on funding? Reflections and considerations – Executive summary » (eib.org) (Pourquoi les entrepreneuses manquent-elles de financement? Réflexions et considérations — Document de synthèse) Reflections and considerations – Executive summary (eib.org) (Pourquoi les femmes entrepreneurs manquent-elles de financement? Réflexions et considérations — Document de synthèse).
  3. «Des financements pour les entrepreneuses: comment dynamiser la croissance», 2020.
  4. https://europeanwomeninvc.idcinteractive.net/8/2
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